« Il y a une charge inédite de réel: choses, matières, espaces, supports, peaux, grains et fibres. L’art se déplace donc: il cesse de chercher de nouvelles formes, mais c’est lui-même qu’il transforme et qu’il transporte insensiblement hors de son site. Son horizon n’est plus celui d’un transfiguration, mais celui d’une pratique patiente en deçà des figures, à même les surfaces, les corps, les pâtes, les masses, les battues ou les timbres, là où les objets deviennent étranges, où le monde s’évide ou se décompose, se recompose de part en part. […] Non plus d’abord composer des formes, mais toucher des fonds, les rayer, les gratter, les pincer, les percer, aller ainsi au plus loin de l’accomplissement, dans les commencements, les états naissants, près des énergies non liées, des tensions en déclenchement, dans les écarts et les secousses des origines. » Jean-Luc Nancy, La pensée dérobée.








